Thursday, October 22, 2009

PROJET DE LOI 56: ON NOIE LE POISSON DANS L'EAU!

Yves Lévesque

L'auteur est représentant du secteur des établissements privés et communautaires à la Fédération de la Santé et des Services Sociaux (CSN), et a participé aux travaux à l'origine du document CSN: "Services aux personnes âgées : Plateforme pour une vision sociale et positive du vieillissement" publié en juin dernier.


Madame Lise Thériault
Ministre déléguée aux Services sociaux

Les consultations particulières et auditions publiques dans le cadre de l'étude du projet de loi no 56 (Loi modifiant la Loi sur les services de santé et les services sociaux concernant la certification de certaines ressources offrant de l'hébergement), que vous avez tenu la semaine dernière, étaient fort attendues de la part des organismes communautaires offrant de l'hébergement en santé mentale, toxicomanie, et déficience intellectuelle, que vous voulez inclure dans le processus de certification dont font déjà partie les résidences privées pour personnes âgées.

Votre projet de loi est loin de répondre à toutes mes appréhensions et ce, pour deux raisons:

Premièrement, dans la loi déjà en place, les sources d'inquiétudes sont nombreuses, documentées, ont fait l'objet de nombreux articles dans les médias:

• Caractère incomplet des critères de certification existants, ainsi que le fait que la vérification du respect des règles sociosanitaires soit insuffisant;
• Inspections déficientes des résidences privées, dans le processus de certification; les inspecteurs se contentant souvent d'interroger les propriétaires, sans aller vérifier la véracité des dires de ces derniers;
• Délais d'attente dans le processus de certification;
• Absence de critères supplémentaires, pourtant souhaités par la majorité des intervenants du réseau, certains propriétaires autant que les usagers ou les groupes de défense des droits.

Pourquoi ne pas attendre que ces problèmes ne soient réglés, dans la certification des résidences pour personnes âgées, avant d'y inclure les autres groupes?

Deuxièmement, le fait d'inclure des organismes à but non lucratif dans un processus de certification concernant à l'origine des compagnies en extrême majorité à but lucratif, cela risque de noyer le poisson dans l'eau; mais peut-être est-ce là votre intention…

J'en veux pour preuve le fait que vous exigiez presque des garanties d'absence de conflit d'intérêt (à l'article 3 de votre projet de loi) aux organismes communautaires, sans rien demander aux propriétaires des compagnies privées, qui eux, pourtant, se rendent quotidiennement coupables de tels conflits; l'un siégant sur le conseil d'administration d'un hôpital ou de sa fondation avec qui il a des ententes de services, l'autre réduisant les services aux personnes âgées pour maintenir sa sacro-sainte marge de profit. Je trouve un tel "oubli" de votre part extrêmement significatif!

Je comprend parfaitement que les organismes communautaires en hébergement en santé mentale, toxicomanie ou déficience intellectuelle, souhaitent que l'on impose des critères de certification à leurs ressources. C'est également une chose souhaitée, entre autres, par la CDPDJ et la Protectrice du citoyen. Mais je me demande comment pourra s'appliquer une loi, même la meilleure du monde, à des groupes dont les missions, mis à part l'hébergement, sont si différentes.

Il faudra beaucoup plus que de simples changements à la Loi pour assainir les conditions de vie des personnes en hébergement et pour assurer une meilleure qualité des soins et services qui y sont dispensés. Il faut aussi améliorer les conditions de travail et la formation des salariées du milieu, de manière à permettre une meilleure rétention du personnel dans un contexte de pénurie. Il faudra une réelle volonté politique de votre gouvernement.

Le plus regrettable, c’est que votre projet de loi ne règlera pas les situations abusives dont les personnes âgées, et les personnes souffrant de problèmes de santé mentale, de toxicomanie ou de déficience intellectuelle paient le prix actuellement. C’est une situation que votre gouvernement a lui-même créé, il y a six ans, quand il s'est lancé dans son programme de privatisation de la santé!

Un aveuglement coupable

Madame Marguerite Blais
Ministre responsable des Aînés
Ministère de la Famille et des Aînés
Édifice J.-A.-Tardif
500, Grande-Allée Est, 1er étage
Québec (Québec) G1R 2J7


Madame,

Les articles des deux dernières semaines, parus dans La Presse sous la plume d'Ariane Lacoursière, concernant le manque de formation du personnel des centres d'hébergement privés pour personnes âgées, ainsi que des limites du processus de certification de ces résidences, auraient pu en surprendre plus d'un. Pas moi! Ce qui m’a surpris, c’est votre réaction, décrite comme étant « ébranlée par les reportages de La Presse sur les résidences privées pour aînés ». Quelle hypocrisie outrecuidante! Il me fait d'ailleurs plaisir, pour le bénéfice des lecteurs, d'en étaler la profondeur.

À titre de ministre, vous avez certainement pris connaissance, depuis votre entrée en fonction, de la documentation abondante produite par le Conseil des aînés concernant la situation du vieillissement au Québec, situation pourtant déjà connue depuis la fin des années '70. La plupart des avis et des mémoires de ce Conseil, à partir de 2007, dans son État de situation sur les milieux de vie substituts pour les aînés en perte d’autonomie, « laissent voir que ce secteur de services s’est profondément modifié sans planification structurée ».

Dans ses recommandations, le Conseil demandait « l’assurance de la qualification et de la formation continue du personnel travaillant tant à domicile qu’en hébergement ». Une telle recommandation aurait dû vous mettre la puce à l'oreille quand à la situation prévalant dans les résidences privées.

À la suite de votre Consultation publique sur les conditions de vie des aînés, vous avez-vous-même fait le tour de la situation des besoins des personnes aînées. Vous avez été assistée dans vos travaux par des sommités dont le Dr Réjean Hébert, doyen de la Faculté de médecine et des sciences de la santé de l’Université de Sherbrooke, qui vous a déjà reproché publiquement de ne pas avoir été assez loin dans vos recommandations, et qui mentionnait que le système actuel méritait un électro-choc. Voici les termes qu’il utilisait lors d’une entrevue au quotidien sherbrookois La Tribune :

" Je suis déçu. De mes quatre principales recommandations, aucune n’a été retenue. Le gouvernement consacrera 400 millions de dollars sur cinq ans, mais ça ne fait que 80 millions par année. Il faudrait investir 500 millions pour toujours dans le système. Il faut repenser le maintien à domicile. Ce qui est proposé, ce n’est pas assez."


L'incendie de janvier dernier, dans la résidence privée « Belle Génération », aurait également dû vous alarmer quand au nombre insuffisant des critères de certification dans les résidences privées pour personnes âgées. Il s'agissait pourtant d'un établissement déjà certifié, mais qui n'avait qu'un surveillant de nuit (pour 70 résidants) lors de l'incendie…

N’êtes-vous pas au courant également des demandes répétées des représentantes et représentants des centrales syndicales concernant la nécessité de formation des travailleuses du secteur privé? La création d'une mutuelle de formation annoncée récemment comprenant les employé-es des résidences privées, les syndicats et Emploi-Québec est un bon début. Il en faudrait plus, cependant, pour redorer votre blason.

Les employé-es des établissements d’hébergement privés que je représente désirent ardemment avoir une formation au moins équivalente à celle du secteur public. Il est courant dans ces établissements que l’on impose à des personnes, quelle que soit leur fonction (cuisinière, préposée à l’entretien, préposée aux bénéficiaires), de donner des soins alors qu’elles n’ont pas la formation nécessaire.

Votre aveuglement coupable face à cette situation ne peut s'expliquer que de deux manières : l'une idéologique, soit la volonté forcenée de votre parti de réduire la taille de l'État (donc du secteur public), coûte que coûte, peu importe les conséquences; l’autre, complémentaire, ce serait que vous vous moquez de nous quand vous affirmez être ébranlée…

Le problème, dans un cas comme dans l’autre, croyez-moi, c’est que ce sont les personnes âgées qui en pâtissent.

Madame la Ministre, est-ce que le clown, c’est vous?

Madame la Ministre, l’heure est venue de vous ressaisir!

Sunday, September 21, 2008

Lettre à Geoff

Cher Geoff,

Je t'écris du Québec, où tu nous a quitté, il y a quelques semaines, pour accomplir ta quête, armé de ton pouce et de ta guitare. Ton périple t'emportera dans des endroits insoupçonnés de l'Amérique, et tu rencontreras des gens et des genres qui te changeront à jamais. Tu en reviendras plus riche de savoir.

Ici, au Québec, la bataille fait rage, au sujet des coupures du gouvernement fédéral dans le domaine de la culture, au sujet de subventions auxquelles tu aurais pu, éventuellement, être éligible. Une lutte noble, en apparence, puisqu'elle semble axée sur la liberté et le rejet du fascisme conservateur. Mais cette lutte est portée de manière narcissique par les plus mauvais des hérauts: les artistes eux-mêmes; ou plutôt, les représentants de leur industrie, les nantis.

Dans une lettre ouverte, 1200 artistes ont violemment condamné le gouvernement conservateur pour ces coupures. Une condamnation qui aurait pu être sympathique au reste de la population, si le langage utilisé avait été populaire, rassembleur. Il n'en était rien. Au contraire, dans un langage économiste du genre : "regardez comment on rapporte de l'argent, continuez de nous subventionner!", ces artistes ont complètement escamoté la dimension sociale, populaire et humaine de la quête artistique. Cette lettre ouverte, ainsi que les interventions subséquentes, n'ont rien fait pour aider.

La réaction populaire a été violente; trop violente, même. On s'interroge sur le pourquoi d'une telle violence. Bien sûr, les chauvins conservateurs et adéquistes, trop heureux de trouver un nouvel exutoire à leur haine de tout ce qui n'est pas blanc, chrétien, hétéro et de droite, s'en s'ont payé une bonne tranche. Les immigrants, homosexuels, chômeurs ou prestataires de l'aide sociale peuvent souffler un peu. Ils en ont bien besoin.

Alors, te demanderas-tu, pourquoi une telle violence? Beaucoup ont chuchoté la réponse; elle tient surtout à l'absence des artistes dans le discours social, et ce, depuis des années. Une absence remarquée, surtout dans un contexte d'appauvrissement général de la population, de coupures massives dans le domaine de la santé et des services sociaux, ainsi que dans la montée de la droite conservatrice.

Bien sûr, tu me diras que beaucoup d'artistes donnent de leur temps, de leur énergie, à intervenir dans le discours social, et tu auras raison. Mais pour chaque Falardeau, Deschamps, ou Bigras, il y a combien de parasites, "plogueurs" d'autres artistes, et animateurs-trices de "talk shows" ou on pratique le nombrilisme à l'échelle industrielle? Ceux que la population considère comme bien nantis, et comme artistes, à tort ou à raison?

Les deux dernières interventions des artistes n'ont pas été très édifiantes: d'une part, Garou qui vaut aider, par ses investissements, à privatiser notre système de santé public, et cette lettre ouverte...

Le pire, dans tout cela, c'est que la cause est juste! Ces subventions coupées auraient pu aider à la relève, dont tu fais partie, cher ami. C'est cela, surtout, qui est dommage. Mais comment réagirais-tu, si la personne qui vient quêter en ton nom s'habillait en Armani, conduisait une Porshe, et se foutait de ta condition économique? La population, à tort, voit cela comme la dernière grève des joueurs de la LNH. Elle devrait pourtant se pencher sur le salaire des joueurs de la LNI!

Il faudra bien qu'un jour, ces marchands du temple de la culture fassent preuve d'autocritique. Mais ce n'est pas la plus grande qualité des narcissiques...

Alors je te laisse à ton périple à la Kerouac, tes salles de spectacles enfumées, et tes immenses découvertes! Prends ton temps avant de revenir, que la poussière retombe, et que les esprits se calment. Toutes mes pensées sont avec toi.

Friday, August 22, 2008

Par où commencer?/Where to start?

Effectivement, comment commence-t-on un blogue de gauche et athée?

Je propose de s'en tenir à la citation suivante, d'une très grande dame, Eleanor Roosevelt:

"Les grands esprits discutent des idées;

les esprits moyens discutent des événements;

les petits esprits discutent des gens."

J'essaierai donc de rester au niveau des esprits moyens et grands... Quoique par faiblesse, quelquefois, je plongerai dans la fange des petits esprits!

Autre précision, et de taille: chaque groupe humain comporte son lot de personnes intelligentes, éclairées, humanistes; de même que stupides, racistes, homophobes... L'idée n'est pas de s'en prendre à la droite et à la religion parce que les gens qui la composent sont stupides, mais bien de démontrer que c'est l'idéologie sous-jacente à ces deux concepts qui l'est. Procéder autrement équivaudrait à se tirer une balle dans le pied, car les chasses aux sorcières, on peut en faire autant dans la gauche que dans la droite... et c'est ce qu'ont fait, de tous temps, les démagogues judéo-chrétiens, autant religieux que de droite!

Non, je préfère m'en prendre au bon sens des gens en ayant toujours à l'esprit cette phrase de Deepak Choprah:

"Les gens font vraiment du mieux qu'ils peuvent,

compte tenu de leur niveau de conscience."

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Really, how does one start a leftist-atheist blog?

I propose to keep in mind the following quote, from a very intelligent lady, Eleanor Roosevelt:

"Great minds discuss ideas;

Average minds discuss events;

Small minds discuss people."

Therefore, I will try to stay at the level of great and average minds... Although sometimes I might, by weakness, delve in the small ones!

Another important point: every human group is composed of intelligent, aware, humane persons; as well as stupid, racist, homophobic persons... The idea is not to attack the right and religion because people who follow these principles are stupid, but to demonstrate that the ideology behind these principles is stupid. To behave any other way would amount to shoot ourselves in the foot, because witch-hunts can be done in the left as well as in the right... and they are also the favorite practice of judeo-christian religious conservatives!

No, I much prefer to adress the common sense of people, having in mind this phrase from Deepak Chopra:

"People are really doing the best they can,

given their level of awareness."